»-. Sa résolution était prise. Elle était sortie du cellier et, dès, le jardin, elle avait entonné la première chanson qui lui était passée par la tête, La Paimpolaise. C’est cela qu’ils avaient entendu d’abord, croyant qu’on chantait dans la rue. À présent, elle chantait dans la cuisine tout en s’occupant de vider les cendres de son fourneau pour y faire du 🔥 tout à l’heure, et préparer le café. Il frappa tout doucement au carreau -. Maïa…-. Elle regarda en l’air et plus que jamais s’égosilla.- Pour combattre la flotte anglaise. Comme il faut plus d’un moussaillon…-. Maïa !-. Va toujours, arrivée au bout de sa chanson, elle reprit. -. Quittant ses genêts et sa lande. Quand le Breton se fait marin….-

Il aurait pu, comme la veille, quand elle se tordait si douloureusement sur le fauteuil, se boucher purement et simplement les oreilles. Qu’est-ce qui le forçait à tenir compte de Maïa ? Rien, rien du tout, est-ce qu’on tient compte d’une domestique ? Alors pourquoi était-il tellement exaspéré, pourquoi la chanson absurde de Maïa intervenait-elle pour tout suspendre ? -. En voilà assez !-. Elle redoubla d’ardeur, et, sans le regarder, elle chanta à pleins poumons. -. Le ciel est moins bleu, n’en déplaise à Saint Yves, notre patron, que les yeux de la Paimpolaise…-. Il la tirait par la manche de son peignoir. -. Et pourquoi je chanterais pas, j’ai bien le droit -. Rien à faire, elle aurait le dernier mot. – Pénible -. Chacun son affaire, n’est-ce pas -, répondit-elle en plongeant dans son fourneau un bout de papier journal qu’elle fit flamber. » Louis Guilloux (Le sang noir)
Belle histoire, jolie portrait de Bretonne.
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