Tournez, moulins !

 »-. Le Val de Sèvre présentait le visage d’une contrée attrayante et fertile. L’eau sortait de terre, du côté de Sepvret, source à peine plus vive qu’une fontaine. Elle devenait belle rivière, et son cours prenait ensuite assez de force et de régulière puissance pour faire tourner les roues des moulins. Leurs aînés grinçaient, clapotaient, cliquetaient au cours de la Sèvre, jusqu’à Niort. Elles actionnaient les meules à broyer le grain, ou les métiers à tisser la laine et le chanvre. Moulins à farine ou à foulon, ils unissaient le travail de la terre et de la machine, ouvraient les esprits au commerce, à la circulation des marchandises, brisaient quelque peu l’autarcie séculaire de la vie paysanne.

On portait au Grand Moulin plus de laine que n’en avait besoin la maisonnée pour se vêtir, plus de chanvre que n’en exigeait la garniture des lits. Le paysan repartait avec sa propre farine, car il gardait la fierté de nourrir sa famille et ses bêtes du fruit de son travail. Et il croisait sur le chemin la file de tombereaux des boulangers, et les voitures à six chevaux des rouliers qui acheminaient bien plus loin encore la récolte de sa terre. » Michelle Clément-Mainard (La foire aux mules)