»-. Je traversais les grandes dunes au sud de Ouargla. C’est lĂ un des plus Ă©tranges pays du monde. Nous Ă©tions deux amis, suivis de huit spahis et de quatre đ« avec leurs chameliers. Nous ne parlions plus, accablĂ©s de chaleur, de fatigue, et dessĂ©chĂ©s de soif comme ce dĂ©sert ardent. Soudain, un de ces hommes poussa une sorte de cri, quelque part, prĂšs de nous, dans une direction indĂ©terminĂ©e, un đ„ battait, le mystĂ©rieux đ„ des dunes. Il battait distinctement, tantĂŽt plus vibrant, tantĂŽt affaibli, arrĂȘtant, puis reprenant son roulement fantastique. Les Arabes, Ă©pouvantĂ©s, se regardaient. Et l’un dit, en sa langue, -. La mort est sur nous -. Et voilĂ que tout Ă coup mon compagnon, mon ami, presque mon frĂšre, tomba de đ, la tĂȘte en avant, foudroyĂ© par une insolation.

Et pendant deux heures, pendant que j’essayais en vain de le sauver, toujours ce đ„ insaisissable m’emplissait l’oreille de son bruit monotone, intermittent et incomprĂ©hensible. -. Pardon, Monsieur, mais ce đ„, qu’Ă©tait-ce ?-. Je n’en sais rien. Personne ne sait. Les officiers, surpris souvent par ce bruit singulier, l’attribuent gĂ©nĂ©ralement Ă l’Ă©cho grossi, multipliĂ©, dĂ©mesurĂ©ment enflĂ© par les vallonnements des dunes, d’une grĂȘle de grains de sable emportĂ©s dans le vent et heurtant une touffe d’herbes sĂšches. Car on a toujours remarquĂ© que le phĂ©nomĂšne se produit dans le voisinage de petites plantes brĂ»lĂ©es par le âïž, et dures comme du parchemin. Ce đ„ ne serait donc qu’une sorte de mirage du son. VoilĂ tout. Mais je n’appris cela que plus tard… » Guy de Maupassant (Contes de la bĂ©casse)
Bonjour Christine, trĂšs rĂ©aliste et trĂšs poignante cette histoire… en plus trĂšs bien reprĂ©sentĂ©e par ton tableau. Bon dimanche Ă vous !
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Belle histoire et beau tableau pour l’illustrer.
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