Le beau métier de berger

 »-. Je reconnais donc que j’ai été un enfant heureux. Ce 🎻, cette note d’or dans le matin ensoleillé, m’a fait penser à ma jeunesse. Mes parents étaient cultivateurs. Petite exploitation, un frère, une sœur. Des 🐑, quelques 🐄, un 🐎. De quoi vivre honnêtement, mais chichement. Si je suis devenu professeur, ce n’est pas que je l’ai voulu. J’ai fait ce que conseillait l’instituteur, c’est tout. Je serais tout aussi bien resté, à conduire la charrue, ou à mener les 🐑 le long des routes blanches. Car c’est chez mes parents que j’ai appris à être berger. Un beau métier, et que j’aimais. Même au cours de mes études, pendant les vacances, je reprenais le troupeau avec plaisir.

Vous n’avez pas idée du charme que peuvent avoir nos pays, quand nous allons lentement par le ☀️, par la pluie, le matin, le soir. Avez-vous déjà vu rentrer un troupeau dans le ☀️ couchant ? Avez-vous remarqué comme elle est belle, la poussière que soulèvent les pieds des 🐑 quand les derniers rayons l’illuminent ? On entend une voiture qui roule dans un chemin creux, des claquements de fouet, les 🐕 aboient au derrière des 🐑 qu’ils empêchent d’errer à droite et à gauche. Et le clocher du village apparaît à travers les peupliers. Les 🐑 sont las, baissent la tête. On ne pense plus, on rêve, un rêve diffus comme la poussière qui enveloppe le troupeau. Et on est heureux, d’un bonheur simple, d’un bonheur primitif, parce que la journée a été bonne. Qu’elle est terminée. Et que tout à l’heure, quand le troupeau sera rentré, on s’assoiera devant une soupe chaude et fumante. » Abel Moreau (Règlements de comptes)