L’ordre des choses

 »-. Il ôtait son binocle et s’en servait pour désigner des passants dans le flot. -. Tenez, examinez ce bougre en jaquette noire, vendeur de grand magasin, pas vrai ? Cent cinquante francs de fixe. Deux cents quand il grisonnera. Eh bien, il rentre tout gentiment dans son galetas, avec ses neuf heures de présence dans les jambes. Il rejoint une pauvre fille à qui il a offert sa misère comme un bouquet de fleurs. Et jamais, vous entendez bien, jamais il n’aura l’idée de foutre le 🔥 à la boutique en s’en allant, ou simplement de glisser un coupon de soie sous son gilet pour améliorer le fricot… Et ces petites midinettes, puisque vous les lorgnez. Malgré leurs mines hardies, je parie que les trois quarts sont vierges. Ça ne croit ni à Dieu ni à 😈, mais si vous leur proposez pour une demi-heure de divertissement plus d’argent qu’elles n’en gagnent dans leur mois, elles vont répondront par une paire de calottes.

30x40cm  »Métro, boulot, dodo », collection privée

Pourquoi ? Elles ne savent pas. Moi non plus. La conscience… Autrefois, les prêtres étaient chargés de mettre de l’huile dans les rouages, maintenant, même plus besoin de ça. Le monde fonctionne tout seul, sans espérer le ciel ni redouter l’enfer… Et des tartuffes osent critiquer nos mœurs, quelle mauvaise foi ! C’est bien simple, quand je vois cette foule honnête sortir du métro et regagner gentiment son clapier, j’ai envie de les remercier, de leur sourire, de les embrasser, de les plaindre. Ou de leur botter le derrière, tant je les trouve idiots. » Roland Dorgelès (Le 🏰 des Brouillards)

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