
»-. Mahan O’Neill avait été capturé corps et âme par les Antilles. Durant les dix années passées en Europe, à étudier dans les universités les plus renommées, il s’était montré un clerc brillant. Ses maîtres fondaient sur lui de grands espoirs. Ses poèmes, mis en musique, étaient fort prisés dans les cours princières. Un essai sur la cosmogonie, qu’il avait modestement refusé de publier, avait été couvert de louanges en chaire de la Sorbonne. Beau, aimable, sachant plaire aux femmes sans déplaire aux maris, toutes les carrières s’ouvraient à lui.


Dame Nature lui avait prodigué tous les dons. Mais, au lieu de saisir à bras-le-corps cette déesse ombrageuse, il avait hésité, chipoté. Tantôt il marivaudait avec la science, tantôt il courtisait la philosophie, ou c’était la littérature qu’il trouvait. Après une retraite dans un monastère dont il revint affaibli et inquiet, Jehan Lurier, qui faisait office de tuteur vu l’éloignement de sa famille, prit sur lui de le tancer vertement. -. Tu as vingt-quatre ans, que 😈 ! Un autre se contenterait du centième de tes talents pour se propulser au faîte de la fortune. Et toi, qu’attends-tu ?-.


Je méprise l’homme et son créateur. Je me méprise. Partout où mon regard se tourne, je ne vois que vanité et mensonge. Pourquoi vivre ? À parler franc, mon cher, je songe à me supprimer -. Brisons là. À partir de maintenant, c’est moi qui décide. J’ai un ⛵ qui quitte Dieppe le mois prochain en direction des Antilles. Il est nommé L’ Espérance. Tu prendras ce ⛵ !- » Marie-Reine de Jahan (L’or des îles)


Beau choix de tableaux pour illustrer cette histoire.
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J’adore “Les Saintes” et le collage de tissus sur la dernière , très original
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