Bleue comme une âme en hiver…

-. Lorsque je suis sortie de là, j’avais une indigestion d’hiver, la seule chose dont je me rappelle, c’est le bleu de vos tableaux -, me dit, avec un élan du ❤️, cette dame que je connais pourtant à peine. Là, c’est la salle d’exposition de l’incontournable concours de peinture auquel je participe systématiquement chaque année, je suis l’amie des organiseurs, et j’aide du mieux que je peux à son accueil et à son animation. Le thème de l’exposition, cette année, c’était l’hiver, lequel nous a livré son lot habituel et convenu de petits 🐦 dans la neige et de forêts couvertes de givre avec étangs glacés et bois flotté. Ici, l’académisme et l’hyper-réalisme tendance bucolique règnent en maîtres, ils sont d’ailleurs largement récompensés…

La chose incongrue dans cet univers bien léché de peintres irréprochables, c’est le bleu de mon âme de barbouilleuse, accroché bien bas sur les grilles, sachant que le visiteur lève systématiquement le menton au lieu d’y baisser les yeux. Même relégué dans les bas-fonds, mon univers ainsi repeint en bleu fait tâche, au propre comme au figuré, dans cet environnement aseptisé et codifié, sans grandes surprises, prêt à être primé. C’est d’ailleurs bien pour cela que, d’année en année, je participe activement, avec un plaisir non dissimulé et le sourire aux lèvres s’il-vous-plaît. J’incite même mes élèves à s’inscrire, pour donner à voir  »autre chose ». Pour montrer une autre facette de la peinture, un travail d’inclassable, de créatif, de rêveur, de témoin de notre temps qui ne court pas après les récompenses ni même les compliments. Et je ne vous parle pas du vernissage, une véritable épreuve lors de laquelle il faut se montrer aimable envers des gens dont vous savez pertinemment qu’ils n’apprécient ni vous, ni votre peinture… J’ai d’ailleurs la parade, je suis bien rodée, habituellement, je reste polie mais indifférente, avec le sourire, bien sûr… Cette année, la coupe était pleine, je me suis dispensée de vernissage. Sans rancune, mesdames -messieurs ?

Mon conseil. Vous n’êtes pas dans les clous ? Vous ne correspondez pas à l’air du temps, vous ne collez pas à une société conventionnelle et  »artistiquement correcte » ? Ne baissez pas les bras, participez !Imposez-vous, montrez-vous, faites exister votre différence. Ne la cachez pas, assumez-la, elle et les réflexions voire les interrogations parfois aigres-douces ou même hostiles qu’elle peut susciter. Osez ! Tous différents, tous tolérants ! Vous l’aviez déjà compris, le mot découragement ne fait pas partie de mon vocabulaire…