Ne fermez pas les yeux sur l’esclavage !

 »-. Un effroyable crime est en train de se perpétrer sous nos yeux. Des centaines d’êtres humains, hommes, femmes et enfants, sont arrachés à leurs familles, marqués et vendus comme du bétail. Et les responsables de cet horrible négoce sont des chrétiens ! Notre foi l’interdit et, pourtant, ce trafic existe, il ne cesse de s’accroître ! Chacun ferme les yeux. Honte ! Messieurs, honte, nous devons faire cesser cette infamie, ou sinon l’esclavage s’étendra comme un chancre à la face de la chrétienté-. Devant l’assistance figée de stupeur, il avait pris le ministre à partie. -. Monseigneur, le Roy vous a confié le gouvernement de la France. Vous devez agir-.

-. J’ai moi-même été esclave, monseigneur. J’avais vingt-quatre ans, je me rendais à Narbonne lorsque je fus capturé par des pirates barbaresques qui me vendirent à un alchimiste de Tunis. Je demeurai en Afrique jusqu’au jour où je pus m’évader. Il me fut donné de voir les traitements effroyables infligés à des êtres humains. J’ai assisté à des ventes d’esclaves. J’ai vu des files de nègres enchaînés et couverts de plaies, poussés à coups de fouet vers les ⛵ en partance vers le Nouveau Monde. Des bêtes sont mieux traitées, monseigneur. Rien d’aussi cruel ne se peut imaginer. Il faut faire quelque chose, monseigneur. -. Messieurs les conseillers, je vous prie de réfléchir à la question, et de me soumettre au plus vite un rapport que je présenterai au Roy. C’est à Sa Majesté de décider…-. Personne n’avait remarqué qu’il venait de s’en laver les ✋. » Marie-Reine de Jahan (L’or des îles)