»-. L’automne était venu. Je ne sais, Monsieur le juge, si vous êtes sensible au changement des saisons, et particulièrement à l’arrivée de celle-ci, la plus émouvante, la plus sensible, la plu troublante aussi. Les jours étaient plus courts, les feuilles des châtaigniers commençaient à jaunir et de grands coups de vent les faisaient frissonner avec un bruit de cigale. Dans les champs, les paysans se hâtaient d’arracher les dernières betteraves. Et déjà les tracteurs ici et là commençaient les labours. Cela faisait sur les collines de grandes raies luisantes et noires où voletaient et sautillaient les hoche-queue blancs et bleus.

Avez-vous remarqué que certains animaux sont sensibles eux-aussi au changement des saisons ? Les 🐑 ne traînaient plus le long des chemins et mes deux 🐕, Marquise et. Turco, se serraient contre moi, la queue basse, quand venait la 🌃. Il faisait froid, le matin, et des brouillards, comme des songes, traînaient au ras des prés où commençaient à pousser les premiers colchiques. Ce sont de belles fleurs, vénéneuses et fragiles, presque trop belles pour les prés où personne ne les regarde. On les dirait faites pour un vase de cristal et un intérieur bourgeois. Hortense en rapportait quelquefois de ses courses dans la campagne. Je vous ai déjà dit qu’elle avait l’âme romantique. La chute des feuilles la faisait rêver, elle aussi. » Abel Moreau (Règlements de comptes)
Beau texte sur l’automne et beau tableau aux couleurs de l’automne.
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