»-. Le soir, Ămilie guettait le retour de son pĂšre et lui rĂ©clamait un bain des mille et une đ. Dans la baignoire, Ă©taient immergĂ©es avec eux des Ă©coles entiĂšrement bourrĂ©es de petits personnages en plastique. Francis imitait la voix du savon, celle du gant, du nombril, de la brosse, il faisait bavarder la famille Doigts -de-pied et la famille Poil-au-nez. Mais aussi deux boĂźtes en fer ayant contenu des pastilles contre la toux, la boĂźte Ă bobos, et la boĂźte Ă bisous. Des orifices Ă©taient mĂ©nagĂ©s sur les cĂŽtĂ©s pour la respiration des pensionnaires. Les bobos mangeaient des poils de đ±, les bisous des plumes de Mistinguette. Ă la longue, affirmait Francis, bobos et bisous deviendraient visibles et parleraient. Les boĂźtes Ă©taient vides, hormis les plumes et les poils.

Un jour sur deux, il conduisait Ămilie Ă l’Ă©cole. La directrice, femme de cinquante ans, avait un visage de petite fille irrĂ©prochable et le buste exubĂ©rant d’une crĂ©ature pour soldats. Rentrant chez lui, troublĂ©, Francis devait combattre l’envie d’aller y penser dans un bar. Il imaginait trop bien l’engrenage, la đ se dĂ©ploierait, vergers. . HespĂ©rides, il rĂ©fĂ©rait mille fois son avenir. Boirait Ă mort, Ă©pouserait des nĂ©gresses et des naines, il promettrait des familles et des AmĂ©riques Ă de vieilles esseulĂ©es qu’il insulterait Ă l’aube. » Yann Queffelec (Le MaĂźtre des ChimĂšres)
TrĂšs beau! Je ne commente pas trĂšs souvent mais je vois tous vos tableaux et je les trouve magnifiques.
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Belle histoire, joli portrait.
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