Il était là, le Moulin-Rouge !

 »-. En sortant de l’École du Cirque, je me jette sur le plan du métro. De la Porte de la Villette, je cours dans les couloirs direction mairie d’Ivry, changement Stalingrad, puis direction Porte-Dauphine, arrêt Blanche. Il était là, avec ses ailes, le Moulin-Rouge. Mon ❤️ s’affole. Je traverse en biais, il pleut. Vite, vite, je suis comme un poussin qui va se nicher sous l’aile protectrice de sa maman. Dans le hall, je regarde les photos. Celles du Cancan ne m’inspirent pas, 👗 rouges et perruques courtes blond platine, corsets résille chair, pas de bottines, pas de bas, pas de dentelles, pas de chapeaux à plumes. Bof, décevant…

-. Mais non, on est en 1981, la Goulue ne t’a pas attendue, Valentin le désossé non plus. Tu croyais peut-être que Toulouse-Lautrec t’attendrait devant la porte ? – . J’ai raté mon rendez-vous. Folle, je suis folle, ils sont bien morts. 1900-1981, j’ai loupé mon rendez-vous de 81ans. C’est beaucoup et si peu… J’en ai marre des voitures, ras-le-bol des bus tout comme des strings, du latex, des culs sur les photos, et de la pluie qui m’achève. Me revoilà dans le métro, maintenant que j’ai terminé mon pèlerinage, je peux rentrer chez moi, encore courir, monter. Descendre des escaliers, poser un pied devant l’autre. Arrivée, je ferme la porte à clé, vite sous la couette. Fixement, je regarde la lumière du jour s’évanouir. » Nadège Maruta ( Follement Cancan)

Mon conseil. L’extrait que j’ai choisi pour illustrer à la fois mon propos et mes tableaux date d’une bonne quarantaine d’années. Déjà, la nostalgie douce-amère perce sous les propos de Nadège, ex-girl du Moulin-Rouge et autres célèbres cabarets parisiens, vedette incontestée de multiples spectacles avec froufrous et paillettes. Que dire de notre époque, qui ne respecte rien et n’a plus même le souvenir de ce qui fut… La naïve provinciale que je suis passait récemment, à pied, devant le Moulin-Rouge. Je n’y ai vu que cars de touristes mal garés, attroupements bigarrés et vendeurs de montres à la sauvette. De l’ambiance de la Belle Époque, restent bien sûr Toulouse-Lautrec et La Goulue levant haut la jambe sur une affiche célébrissime, clins d’œil artistiques car… toujours l’art sera l’art…