Ces messieurs de la Martinique

 »-. L’or des Îles ruissela à flots sur les habitants de la Martinique, et en particulier sur les Solis de la Volcane, et les Tara de Saint-Pierre. Les domaines du premier s’étendaient sur des centaines d’hectares dans tout le nord de l’île, moutonnant de morne en morne du 🌋Pelé à la mer Caraïbe. Les possessions du second se comptaient en ⛵, entrepôts, magasins, 🏡, sociétés, rayonnant de Saint -Pierre à Nantes, des raffineries de Marseille aux ports du Nouveau Monde.

L’un étalait une opulence sereine rehaussée par un grand nom. Une multitude de portraits d’ancêtres et de documents armoiries celés dans la bibliothèque de l’habitation attestaient un passé glorieux. L’autre dissimulait ses biens. Ses magasins avaient la devanture discrète. Ses ⛵ naviguaient sous le pavillon d’un respectable armateur de Nantes. Nul ne savait qu’ils avaient été rachetés par Monsieur Tara. Ses transactions se faisaient sous des prête-noms. Des milliers de livres lui passaient entre les ✋, mais sa signature apparaissait rarement. Descendants des vieilles familles et grands planteurs formaient un cercle très fermé, que les gens de Paris désignaient d’un sobriquet mi-railleur mi envieux, Ces messieurs de la Martinique. Grands fonctionnaires, miliciens, grands habitants, petits habitants, négociants, engagés se différenciaient selon un système de caste. Enfin, les métis n’avaient pas de place reconnue dans la société créole. Ils étaient simplement tolérés. Seul un talent hors du commun ou une beauté éclatante leur permettaient de sortir du rang. » Marie-Reine de Jahan (L’or des îles)