Viens chez moi, j’habite la roulotte à Francis

 »-. Comment j’ai fait pour accepter ça, ces deux baraques, l’une en face de l’autre… J’ai l’impression d’habiter l’utérus d’un espion -. La même adresse à Montrouge. Un prétendu 🎁 pour leur 💒, un vaste hangar dont son beau-père proposait l’aménagement à ses frais. -. C’est tout au fond du jardin, ça ne peut pas me gêner… Et, pour vous deux, quelle tranquilité !-. Marianne hésitait. La drôlerie du projet séduisait Francis. Par avance, il déguisait les lieux. -. Allez-y, mon cher, faites à votre idée -.

Son idée ? Un théâtre, une illusion dont il s’était chargé lui-même, aidé par des gens de métier que payait son beau-père. Passée la porte à glissière apparaissait la 🏡, en retrait d’un patio. Un décor de 🏡, plutôt. Des trompe-l’oeil maquillaient la façade, à commencer par les rideaux rouges aux embrasures dorées qui semblaient roulés sur les côtés. Les contrevents bleus percés d’une 🌟 étaient pareillement des faux. Au pied du mur laqué blanc, Francis avait peint divers 🎏, un arrosoir, une fleur, et l’ombre d’un 🐈 géant se reposant sur son arrière -train. Ce 🐱 fascinait un vrai 🐓, Judas, consigné dehors dans une caisse à claire-voie, une bestiole arrivée par colis postal, hommage anonyme ou mauvais sort jeté au comédien. Toutes ces fantaisies, sauf une, avaient ébloui Marianne. Le mot roulotte inscrit sur le fronton la chagrinait. Bougeotte eût aussi bien convenu, il s’agissait pour Francis de proclamer sa hantise. Partir. Changer d’air. » Yann Queffelec (Le Maître des Chimères)