La fuite d’Isabelle

 »-. Maître, maître, notre jeune demoiselle elle est partie, elle est partie ! Heathcliff s’est enfui avec elle ! Eh bien, j’ai rencontré sur la route un garçon, il m’a dit -. On s’est mis à leur poursuite ?-. Il vit que je ne savais rien, et il me raconta comment un monsieur et une dame s’étaient arrêtés chez un forgeron pour faire remettre un fer à un 🐎, à deux milles de Gimmerton, peu après minuit, et comment la fille du forgeron s’était levée pour voir qui c’était. Elle les avait reconnus tous les deux aussitôt. Elle vit l’homme, c’était Heathcliff -elle en était certaine, personne ne peut le confondre avec un autre- mettre un souverain en paiement dans la ✋ de son père. La dame avait son manteau sur la figure, mais elle demanda une gorgée d’eau et, pendant qu’elle buvait, le manteau retomba et laissa voir très distinctement ses traits. Heathcliff tenait les rênes des deux montures quand ils partirent, ils tournèrent le dos au village et s’éloignèrent aussi vite que le mauvais état des routes le permettait. La jeune fille ne dit rien à son père, mais elle a raconté l’histoire dans tout Gimmerton ce matin -.

-. Allons-nous essayer quelque chose pour la rattraper et la ramener ? Que pourrions-nous faire ? -. Elle est partie de son plein gré, elle avait le droit de partir si bon lui semblait. Ne m’importunez plus à son sujet. Isabelle n’est plus ma sœur que de nom, désormais. Non que je la désavoue, mais parce qu’elle m’a désavoué -. Ce fut tout ce qu’il dit à ce propos. Il ne se livra par la suite à aucune investigation et ne fit aucune allusion à elle, sauf pour m’adjoindre d’envoyer ce qui lui appartenait dans la 🏡 à sa nouvelle demeure, où qu’elle fût, dès que je la connaîtrais. » Emily Brontë (Les Hauts de Hurlevent)