La route du Soudan

 »-. Dans cette randonnée à travers le pays noir, par le Sénégal, le Soudan, la Côte-d’ivoire, le Lobi, les images se mêlent, se brouillent. C’est le 🚃 qui bat le rail. Le ventilateur de plafond qui s’affole pendant un jour, une 🌃 et encore un jour, dans la moiteur étouffante du compartiment où on mouille de sueur le drap de sa couchette. C’est un chant de piroguiers qui hâlent le câble et font passer le bac, du Niger à Bamako… Ce sont les tam-tams de toutes les haltes de 🌃, quand on vient de descendre du camion, couvert d’une crasse de latérite rouge qui vous fait un masque de glaise. L’infernale rotonde des moustiques, la pluie de clochettes des roussettes, les minuscules chauves-souris qui froissent la soie de leurs ailes dans les immenses fromagers, à leur étage de roussettes, juste au-dessus des pigeons verts..

C’est la plainte sourde, hallucinante, des 🌃 de savane, quand la brousse prend peur et qu’on entend accourir la forêt profonde… Boukouni… Sikasso… Les premiers hippopotames dans une rivière de boue, les premiers caïmans qui bronzaient leur cuirasse au ☀️, le ventre collé à une pointe de rocher, d’où ils plongeaient pour fendre l’eau comme une lame. C’est entre Boukouni et Sikasso, quand on avait failli s’enliser, sur la piste de glaise couleur 🍊 écrasée, taillée en plein ❤️ du bois qui resserrait ses murailles de verdure compacte. Et ne laissait plus de cette route qu’un fil rouge, que les cobas, les grandes antilopes, cornes couchées sur les reins, étaient apparues, l’instant d’un bond fauve, crevant un mur vert et disparaissant sur l’autre berge dans une faille de verdure. » René Guillot (Marouana du Bambassou)