Le mal de la🦟 dans la brousse

 »-. Le docteur Gallaire avait une parole très rare. Françoise lui avait rendu visite dans son dispensaire. Elle était passée devant les lits blancs en suivant la longue salle claire où des malheureux, qui n’avaient plus de chair, semblaient s’engourdir, se pétrifier comme des momies de glaise rouge. -. Le mal…- disait simplement Gallaire. Dans le pays Lobi, le mal, c’était, sur une carte verte, l’ombre terrible de la mouche aux ailes croisées. Gallaire avait déjà fait trois séjours dans cette région, il en connaissait tous les vallons pourris d’eau malsaine, les buissons touffus où les larves éclosent.

Projet La minute 🦋, les ambulances Papillon

Dans ses tournées, il obligeait les chefs de village à lui amener au bord de la route où il arrêtait son auto tous les suspects. Tous les malades aux divers stades, qu’il marquait au cou d’un cordon tressé de différentes couleurs. Il avait ses malades jaunes, les bleus, les verts… Une femme portait son petit, riant, joufflu, qu’il avait soigné quand il n’était plus qu’un paquet d’os… Un vieux chasseur qu’il reconnaissait lui offrait une pintade et son rire, où les dents branlaient. Un rire de ce vieux à qui Gallaire avait refait un ventre. Des yeux. Du sang…-. Les vivants…- disait Gallaire. Ses vivants. Tous ceux qu’il avait sauvés. » René Guillot (Marouana du Bambassou)

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