»-. Au Lobi, comme dans la plupart des contrées de l’Afrique noire, c’est la bête qui a prêté la terre aux hommes errants quand ils ont voulu se fixer dans l’endroit et y bâtir leurs soukalas. La bête, sur ces rives du Bambassou, c’était le caïman… Il fallait lui rendre compte, à chaque saison de la vie, de l’entreprise des villages. Le caïman devait être le premier averti de la date des semailles. C’est lui qui autorisait les récoltes. C’est lui qui permettait qu’on franchisse les frontières de la chasse, au pont de bois du Bambassou.

Derrière Kékoro, le meneur de jeu, les sorciers, les féticheurs, les vieux et les danseurs masqués, tout le village s’était rendu en cortège, chantant et dansant jusqu’au ruisseau, et avait suivi la rive jusqu’à cette crique où on avait vu fleurir la fleur du Marouana. Les joueurs de tam-tams avaient fait cercle autour de Kékoro et, derrière eux, les femmes et les filles du village scandaient, en battant des ✋, une complainte sourde, émouvante, une litanie à bouche close, un murmure qui n’était que l’accompagnement de la prière de lumière, la prière du ☀️. Les tams-tams s’étaient tus. Et, tout à coup les eaux avaient frémi. Une longue ride s’était découpée à la surface boueuse. La bête sacrée répondait à l’appel de son peuple. » René Guillot (Marouana du Bambassou)
Drôle d’animal !
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❤
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