Viens chez moi, j’habite à l’Alcazar

 »-. Encore un an avant la retraite. Combien de semaines avant les vacances ? Avant que d’aller se rouler dans le sable et chasser le courlis, il faudrait en faire des pas, et des pas, et en débiter des mensonges ! Et, pour couronner l’ouvrage, s’envoyer la corvée du baccalauréat, faire passer leur examen à ces petits messieurs, pauvres gosses volés, dupés scandaleusement. Il se prêterait à la comédie, toujours complice. Et même il tirerait profit de la circonstance. Il ne pensait pas seulement en effet au dérisoire bénéfice des quelques francs alloués par copie corrigée. Il irait, comme d’habitude, prendre pension à l’Alcazar.

Projet Viens chez moi j’habite chez une copine

Tous les ans, dans la saison du baccalauréat, quand il lui fallait aller à Sernen faire passer l’oral, session qui durait plusieurs jours, c’est à l’Alcazar qu’il prenait pension. C’est-à-dire au bordel. Il écrivait à l’avance à la patronne pour qu’on lui retînt une chambre, et passait là trois ou quatre jours dans la compagnie des filles qui, elles, avaient au moins, n’est-ce pas, sur les autres femmes et en général sur l’humanité soi-disant civilisée, un avantage primordial. Celui d’être absolument vraies. Il couchait un peu avec elles. Ce qu’il aimait, c’était l’atmosphère, l’odeur du bordel, le rapport fraternel avec des femmes qui savaient ne pas se moquer de lui, ne pas avoir pitié non plus. Nulle part comme à l’Alcazar, il ne trouvait de repos. » Louis Guilloux (Le sang noir)

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