»-… Dans les semaines qui suivent, du sixième étage de la tour de la Bastille dans laquelle il est enfermé, le Marquis de Sade appelle le peuple à l’insurrection… Incarcéré par lettre de cachet, à l’instigation de sa belle-mère qui lui reproche ses moeurs dissolues, l’écrivain marquis écrit Les cent vingt journées de Sodome, manuscrit dans lequel il détaille toutes les turpitudes de son âme agitée. Et, quand il en a assez de laisser la plume courir sur le papier, il se saisit d’un long tuyau de fer blanc muni d’un entonnoir à l’une de ses extrémités, petit vide-ordures portatif destiné à jeter plus commodément ses détritus en bas. Dans le fossé.

Avec cet instrument, Sade improvise un porte-voix et harangue la foule du faubourg. -. On égorge, on assassine les prisonniers de la Bastille ! Bonnes gens, venez à notre secours !- Ces hurlements désespérés sont pris fort au sérieux par les passants, et l’on frémit en imaginant les horreurs qui se déroulent derrière les murs épais… Pourtant, le cher marquis mène grand train en prison. Il est logé très confortablement, disposant de deux cellules pour entreposer ses meubles et sa bibliothèque personnelle. Il est même si bien nourri qu’il en est devenu ventripotent. En 1788, le Roy payait des sommes considérables pour l’entretien du personnel de la Bastille, traitement du gouverneur, officiers, soldats, médecin, aumônier… Un personnel pléthorique pour une population carcérale qui diminuait d’année en année, dix-sept en 1774, neuf au début de l’année 1789, sept seulement quelques mois plus tard. » Lorant Deutsch (Métronome)
La vie surprenante du marquis de Sade ! Amusant poisson en cage.
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