»-. Beaucoup de jeunes garçons commencent le đč, le đ», l’accordĂ©on, le saxophone, et en sont bientĂŽt dĂ©goĂ»tĂ©s. Il y a, lĂ aussi, beaucoup d’appelĂ©s, et peu d’Ă©lus. Cela flatte les parents. -. Mon fils apprend le đ» avec Monsieur du Tertre. Vous savez que Monsieur du Tertre a failli avoir un premier prix au conservatoire ? C’est un grand artiste-. Et voilĂ pourquoi tant de pauvres garçons font grincer leur archet sur quatre cordes. Louis avait de l’oreille, je m’en Ă©tais tout de suite aperçu. Je fis avec lui une curieuse expĂ©rience.

Dans mon enfance et ma jeunesse, j’ai connu beaucoup de bohĂ©miens. Mon pĂšre les accueillait. Ils connaissaient la đĄ. Quelques -uns jouaient du đ», or il ne savaient pas un mot de solfĂšge, et les notes elles-mĂȘmes leur Ă©taient inconnues. C’Ă©tait pour eux une sorte de langage, ils s’exprimaient en musique, voilĂ tout. Je tentai d’apprendre Ă Louis Ă jouer par instinct, et d’abord Ă bien tenir son archet, Ă s’en servir sur les cordes Ă vide. Puis je lui montrai comment poser les doigts sur les cordes, et je le laissai s’essayer Ă jouer des airs trĂšs simples. Et peu Ă peu, il dĂ©couvrit la musique, ce langage mystĂ©rieux des sons. Pendant des heures, il faisait effort, se perfectionnant, s’appliquant, ne se fiant qu’Ă son đ. Il m’Ă©tonnait. Ses progrĂšs Ă©taient rapides. DĂ©jĂ , il s’essayant Ă La RĂȘverie, de Schuman. J’Ă©tais fier de lui, et ses parents m’en remerciaient en me gardant de plus en plus souvent Ă leur table. » Abel Moreau (RĂšglements de comptes)
Belle histoire et beaux violons !
JâaimeAimĂ© par 1 personne