»-. C’était un beau désordre dans la poussière rouge, qui mangeait tout. Tournoy habitait une seule chambre, où il mangeait et couchait. Tout le reste de la paillote n’était qu’un vaste atelier. C’est là que se bâtissait le poème. -. Ah ! Vous voilà, petite amie, que je suis heureux de vous recevoir dans L’Atelier, ne regardez pas encore, il faut d’abord que je vous explique -. Et, sa large face toute rouge de confusion, Tournoy avait donné le thème de ce poème au 🗡️, taillé en plein bois d’acajou, dans d’épaisses planches qu’il faisait spécialement polir.


C’était une suite de panneaux où se déroulaient des scènes sculptées en bas-relief, suivant un dessin un peu primitif. Mais le détail en avait été fouillé pour découper une ombre, rehausser l’expression d’un geste, d’un mouvement, d’un visage. Toute une fresque qui emplissait deux pièces de la paillote, éloquente, vigoureuse comme une chanson de geste. -. Je sais que cela va vous étonner, mais j’ai bien réfléchi à tout cela. Et puis, il y a les souvenirs qui viennent, les images, vous comprenez ? Je crois que chacun de nous a vécu, dans le passé, déjà plusieurs vies… Mais il n’y a que de rares privilégiés qui s’en souviennent. Quand le panneau est terminé, alors, je regarde. La tempête s’enfle sous le brick, un ⛵ pirate qui faisait la côte de la Malaguette… Cette 👥 qui grimpe aux cordages, c’est un ami que j’ai eu dans le temps de la Grande Course…-


Françoise avait deviné l’espoir secret de ce poète sur bois, celui qu’il caressait en conduisant le 🗡️ dans la planche. Chercher sa trace dans une aventure vécue, dont il ne montrait que quelques pages. Il y avait, en effet, tournés contre le mur, des panneaux que Françoise n’avait pas pu voir. -. Pas ceux-là… Ceux-là, j’aime mieux penser que je les ai rêvés…-. Tel était le douanier du Bambassou, celui qui parlait breton en pays Lobi. » René Guillot (Marouana du Bambassou)


Un artiste original, belle série de tableaux pour illustrer son histoire !
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Quels beaux tableaux qui accompagnent ce texte, le tout me ramenant au pays lobi, auquel je pense souvent. Merci !
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