Des oiseaux, des 🐦 et encore des 🐦

 »-. Qu’est-ce qui nous vaut l’honneur de ta visite, Sahib ?-. Le flot des questions banales que posait la Rani semblait se tarir. Son chambellan crut que l’audience s’achevait, mais non. -. Dis-moi, Sahib, qu’est-ce qui t’a le plus frappé, en Inde ?-. Les 🐦, votre Altesse. Ils sont bien plus nombreux et bien plus bruyants qu’en Angleterre -. Pourquoi t’interesses-tu aux 🐦, Sahib, est-ce pour les chasser ?-. Je ne chasse pas les 🐦, votre Altesse, je les dessine. À mes heures perdues, je suis peintre, amateur bien entendu. Or, pour restituer fidèlement mes modèles, il me faut apprendre à les connaître -.

Et, sans y avoir été invité, il se mit à en parler avec enthousiasme, non à la manière d’un ornithologue, mais comme s’il s’agissait d’êtres intimement connus, racontant ses rencontres avec eux, commentant leur caractère et leurs habitudes. La Rani était à la fois agacée d’entendre cet Anglais lui décrire les 🐦 de l’Inde comme s’il les connaissait mieux qu’elle, et touchée de l’amour avec lequel il en parlait. -. En vérité, tu connais admirablement notre faune, pour un étranger. Mais tu ne m’as point parlé des vautours, ils pullulent pourtant partout dans votre pays-. L’allusion à l’uniforme anglais était transparente. -. Parce que le vautour est en Inde un 🐦 de mauvais augure-.

La Rani se mordit les lèvres et resta silencieuse. -. Votre Altesse semble aimer les 🐦. En a-t-elle beaucoup dans ses cages ?-. En Inde, Sahib, nous ne mettons pas les 🐦 en cage, ils sont libres, eux. Nous te souhaitons, Sahib, de pouvoir PEINDRE à loisir notre faune, et nous formons les vœux les plus sincères pour que ton séjour parmi nous soit heureux -.  » Michel de Grèce (La femme sacrée)