»-. Au dix-huitième siècle, le faubourg Saint-Antoine est le lieu privilégié des artisans pauvres, qui ont le droit de travailler ici librement. Ébénistes, menuisiers, cordonniers, serruriers, chapeliers vivent côte à côte, et les boutiques, qui sont aussi des ateliers, suivent la géographie sinueuse des voies. Tout au long du jour, le quartier est parcouru par des charrettes et des ânes tirés par des paysannes de la banlieue qui viennent vendre les œufs, le lait, les légumes et les fruits de leur ferme. Par des femmes qui tiennent leur cuisine près des quais et font cantine en plein air. Par des essaims de harangères redoutées pour leur violence et leur vulgarité.

Cette population miséreuse se montre toujours prompte à exprimer sa colère ! C’est elle qui, pour une épidémie de trop, une mauvaise récolte ou une taxe additionnelle, entraîne les artisans sur la route dangereuse de la protestation et de la rébellion. Le 27 avril 1789, le faubourg est en ébullition. L’objet du litige se nomme Jean-Baptiste Réveillon, propriétaire d’une manufacture de papiers peints. Plutôt généreux envers ses trois cents ouvriers, cet économiste improvisé, plus utopiste que sage, et plus illuminé qu’éclairé, propose de supprimer la taxe perçue sur les marchandises à l’entrée de la ville. C’est bien, mais il suggère aussi de diminuer les salaires, puisque tout sera meilleur marché ! -. Mort aux riches ! – crie la foule. Des émeutiers lancent des pierres, des coups de 🔥 éclatent, on relève bientôt douze morts du côté des gardes de police et près d’une centaine dans les rangs des insurgés. Nul ne le sait encore, mais le monde vient de basculer. La Révolution est en marche. » Lorant Deutsch (Métronome)
Terrible histoire ! Beau tableau.
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