Les tam-tams de la grande peur

 »-. Il avait surtout été question de cette grande peur qui enfiévrait encore les tam-tams. -. C’est la forêt qui tourmente… La peur est partout dans les bois. On la chasse, on l’arrête en battant les tam-tams, en allumant les 🔥 de brousse. Mais ici, c’est la forêt qui mange le 🔥 ! Les sorciers ont tout essayé, ils savent leur métier de sorciers et, la brousse, ils la connaissent. Ils savent que la peur, la plus sauvage des peurs, cela s’apprivoise comme une bête. Ils ont essayé. Ils n’ont pas réussi. Écoutez-les, mais écoutez -les donc se soûler des bruits et des chants… Vous verrez qu’ils feront un mauvais parti au féticheur s’il n’est pas capable d’enrayer le mal-.

Et puis, ils abandonneront les soukalas, ils brûleront les cases, ils abandonneront le village de Larouna et ils s’en iront chercher refuge plus loin, sur les collines -. Et dire que tout ça est venu de rien… trois fois rien !-. Rien… Le secret de ce pays, c’est ce qui accorde et désaccorde tous ces riens des Noirs. C’est un rien pour des Blancs, le pacte de la bête -. Et Bruce avait raconté comment la grande peur était née à Larouna. Bruce, qui vous faisait pénétrer dans le secret de la forêt, débroussait les sentiers où se font les rencontres des ombres…-. C’est Kékoro, le féticheur, qui est venu se confier à moi, parce que, à Larouna…- » René Guillot ( Marouana du Bambassou)