»-. Sur la carte dépliée, qui faisait ressortir la fibre du papier dans ses plis déchirés, amollie par l’usage et incapable d’émettre aucun froissement, mon doigt s’était posé sur ses contours. Un lieu d’aucune quête, d’aucun projet m’etais-je dit, un simple divertissement. De cette projection conique de l’Atlas, soudain de l’échelle cartographique aurait surgi cette représentation, agrandie un million de fois, projetant une 👥 parmi tant d’autres dans un grouillement d’insectes. Je serais tombé dans Istanbul comme dans une vaste soupière… Étrange notion moderne que celle du vol affrété. On en reconnaît les signes dès la file aux guichets d’embarquement, et plus encore dans les salles d’attente. Le mouvement des passagers, tout au long des différentes étapes, jusqu’à la réception des bagages autour des tapis à l’aéroport d’arrivée, contient sa physionomie propre. Une agitation toute enfantine l’anime, une cordiale indiscipline.

Le gros des passagers est constitué de contractants à divers clubs de voyage, on leur a remis un carnet avec le programme des excursions et des activités. Quelques cas isolés représentent ce que, dans le jargon des agences, on nomme le vol sec . Quand ma voisine, au cours du vol, me demanda sur quel programme j’étais, je dus répondre, confus et un peu honteux, que je voyageais par mes propres moyens. Devant sa moue réprobatrice, je compris que ma réponse avait quelque chose d’offensant. Individualiste, solitaire ou maudit, à quoi donc prétendais-je, à quelle figuration ? La plupart étaient des habitués, on se retrouvait d’année en année, on se préoccupait d’untel. Telle autre venait d’épouser un animateur, ce qui tenait du conte de fées, ce monde était un monde de petits miracles. » Samuel Brussels ( Un conte des deux rives)
Les voyages sont toute une histoire ! Joli tableau.
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