Escale rouge

 »-. Les villages campés sur les plateaux de rocaille se découpaient en cubes d’ocre jaune, de craie rose, d’argile crue et, tout à coup à un tournant de la route, après un lacet, le regard découvrait, dominant la vallée, un 🏰- fort flanqué de tours trapues, pareil à ces vieux Burgs des légendes antiques dont les ponts-levis jetés dans le vide s’ouvraient à la croisée d’invisibles chemins tracés dans le ciel. La route, passés les herbages fauves, les pentes d’oliviers et de chênes verts, franchissaient un oued au lit de galets, sur un pont de branchages et de boue, s’enfonçait dans la 🌃 des pierres sous un tunnel creusé en plein roc. Descendait doucement vers la plaine d’argile craquelée et les champs de cailloux.

Dans cette pâte de lumière vive qu’agitait un peu le petit vent brûlant courant au ras de terre, sur la campagne nue et rase, on croyait voir se dessiner à travers un étrange brouillard de sable vibrant, de poudre de ☀️, des 👥 imprécises, déformées comme dans un mirage. Un troupeau de 🐐 et leur berger, un laboureur aux haillons flottants, tenant les mancherons d’une charrue de bois où étaient attelés, chacun à sa corde et tirant côte à côte, un bourricot galeux et une femme échevelée. Il était grand jour quand les voyageurs arrivèrent aux remparts rouges de la ville, l’enceinte massive percée de portes monumentales où commencent de s’ouvrir les allées bordées d’orangers, de grenadiers, à travers un jardin des Mille et Une 🌃. » René Guillot (Marouana du Bambassou)