Voulez-vous danser avec moi ?

 »-. J’insisterai sur le rôle de la danse. La danse qui est incontestablement un art, et qui permet à des individus de promouvoir d’une manière concertée des activités qui comportent un caractère à la fois de jouissance esthétique immédiate, mais aussi d’expression des valeurs les plus stables d’un milieu. L’homme affirme par la raison, mais cette raison ne lui permet souvent, par le canal du langage, que l’expression assez sommaire de son émotivité.

En revanche, la danse, conformément d’ailleurs aux théories formulées dès le dix-huitième siècle, est faite de pas, de gestes, de mouvements strictement concertés. Et ne repose que sur le recours à des attitudes qu’aucun signe d’une autre nature ne peut exprimer. On sait également que, dans l’Inde, et dans tout le monde de l’Extrême-Orient, la danse repose sur un certain nombre de gestes fondamentaux, sur des positions -en fort petit nombre d’ailleurs -, qui prouvent qu’un art de ce genre s’élabore à partir d’éléments de vocabulaire qui, par le jeu des combinaisons, foisonnent et s’effacent devant la somptuosité des réalisations les plus parfaites.

Plus les sentiments que l’on a à dépeindre sont violents, moins ils se trouvent dans le geste. La danse ne fait qu’impliquer des pas, des gestes, des mouvements et, par l’expression de la physionomie, la situation et les sentiments de chaque personnage. Elle laisse à chaque spectateur le soin de lui prêter un dialogue, qui est d’autant plus juste qu’il est toujours en mesure avec l’émotion que l’on a reçue. » Pierre Francastel (Études de la sociologie de l’art)