Mon voyage en Amazonie

 »-. En 1965, vous décidez de devenir ethnologue ?-. En faculté, lors d’un cours, j’ai découvert que l’individu particulier, solitaire, le groupe humain isolé était plus intéressant que l’invocation à un universel, bien trop vaste pour moi. À l’époque, l’ethnologie était une science en jeunesse. On me conseilla de partir pour l’Amérique du Sud. -. Il y a urgence, depuis dix ans il est mort plus d’Indiens qu’au cours des quarante dernières années -. Alors, j’ai fait mes valises, j’ai pris mon fusil et Tristes Tropiques de Claude Lévi-Strauss.

40x50cm  »L’indienne  », galerie Femmes, Femmes, Femmes

J’ai d’abord débarqué chez les Indiens Chacobo, en Bolivie, je suis resté six mois chez eux, j’ai appris leur langue. Puis je me suis invité chez les Cashinahua au Pérou, les Yanomami à la frontière vénézuelo brésilienne, les Guayaki du Paraguay. J’ai passé six ans de ma vie dans la forêt, c’était trop tard partout, l’ethnocide battait son plein. J’étais confronté à la déculturation, à la clochardisation d’un peuple décimé par les métis, les petits Blancs, les maladies, les touristes. J’ai pensé au début qu’il s’agissait de faits isolés, mais non. C’était seulement la continuation d’une politique vieille de cinq siècles, et elle rongeait l’Amazonie avec des méthodes modernes, brutales, pas le moins sophistiquées. Alors plutôt que d’être spectateur de la mort des Indiens, j’ai dit adieu aux ethnologues, je ne serais pas nécrophage. » Jacques Meunier (J’ai connu un recteur des steppes et un ministre de l’intelligence)

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