»-. Bonjour ma Mimi, mon amour de Mimi -. Il était drôlement habillé, comme un grand-père, avec un manteau gris beaucoup trop long. -. Fais parler ton manteau -. Francis cacha ses poings dans ses manches et parut secouer de vieux branchages. -. Autrefois, j’étais le manteau d’un 🌲 très riche et très puissant. Des voleurs sont venus. Ils m’ont échangé pour quelques navets défraîchis. Je suis devenu la proie d’un épouvantail, un vieux grigou sans ❤️. J’ai passé de longs hivers dans la neige à dépérir, les corbeaux ont picoré ma finette et mon double fil, les limaçons grignoté mes froufrous… Tous, plaignez ma misère…-

Non, pas les corbeaux, pas l’épouvantail. Aujourd’hui, je veux des gentils monstres -. Heureusement, heureusement, est arrivé un jour, à 🐎 sur un 🐑 magique, est arrivé… Heu… Ton papa, ton papa. Et me voici de nouveau le plus heureux des manteaux, j’ai retrouvé le goût des laines vierges et celui des chevrons en taffetas gommé -. Tu sais, papa, la dernière fois que tu es parti, je ne t’ai pas dit au-revoir -. Ce n’est rien, ma Mimi, d’ailleurs moi non plus -. Alors, je te le dis maintenant, au revoir, papa-. Au cours du dîner, Francis crut pouvoir amadouer Marianne en faisant rire Mimi. Il imita les 🐟 dans l’aquarium, la tête de veau dans la vitrine, il fit parler ses doigts, remua les oreilles, empoisonna des sorcières, enchanta des princesses. Il croisa fugitivement le regard de sa femme et n’y lut aucune aménité. -. Dis-moi, Francis, tu étais où ?- » Yann Queffelec (Le Maître des Chimères)
Drôle d’histoire ! Beau portrait d’un arbre.
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