Harbour ! Izmir ! Stambul !

 »-. Le ferry -boat portait le nom d’une de ses escales, Samsun. À peine monté à bord, j’abandonnai mon sac dans la cabine et me mis à explorer les diverses salles du ⛵, passant d’un pont à l’autre, de bâbord à tribord, cherchant un poste de vigie d’où le regard pourrait embraser un plus vaste rayon. La masse flottante se libérait enfin de son ancrage et quittait bientôt les eaux mortes du port. Couché maintenant sur le pont supérieur, à l’avant du ⛵, ne distinguant rien que le reflet aveuglant du ☀️ sur les eaux, je laissai mon attention se perdre parmi les voix diffusées qui flottaient autour de moi. Un touriste… un touriste qui rêve à l’Orient… mon formulaire de visa ne repondait-il pas de cette qualité ?

La croisière égéenne ne s’écarte jamais de la côte asiatique. Sur le rivage, comme tirés par la lente motion du ⛵, surgissent et s’estompent 🏡, végétation, spasmes de vie humaine. La 🌃 est tombée et, sur le pont, respectueuses de l’obscurité, les voix ne font que chuchoter. Le rivage s’était rapproché, nous entrions dans le goulot du détroit. Les eaux du Bosphore laissaient flotter à leur surface un fourmillement de coques et le vent battait. Je n’avais rêvé d’aucun nom, Byzance, Constantinople, Istanbul… J’avais passé plusieurs jours dans la ville et j’attendais encore. Sur quelle rive étais-je ? Occident ou Orient ? Les deux pôles se méritaient. La ville était à la rupture des deux continents. » Samuel Brussels (Un conte des deux rives)