Guerre et ☮️

 »-. Les faits défient presque l’imagination. À l’occasion du premier Noël d’une guerre qui allait durer plus de quatre ans, et laisser une rancoeur et une consternation presque indélébiles, non seulement en Europe mais dans le monde entier, des soldats allemands et britanniques ont entonné des chants de Noël les uns pour les autres. Ont fumé ensemble des cigarettes dans l’espace qui séparait les tranchées, échangé des souvenirs, posé pour des photos de groupe, joué au football. Les combats avaient été d’une telle brutalité, les ravages d’une telle violence que bien des soldats, partis à la guerre avec un véritable esprit d’aventure, avaient complètement changé d’avis.

-. J’imagine que nous ressemblons plus à des déportés de la Sibérie qu’à des soldats. Nous pouvons porter les vêtements qui nous chantent. Nous ne sommes en rien un régiment anglais, d’une propreté immaculée, tous habillés de la même façon, chaque homme bien droit et chaque bouton en place. Nous portons des cagoules de laine, des cache-nez qui flottent au vent, des gants de toutes les couleurs. Nous portons des seaux et nous attachons à nos ceintures des tasses en fer-blanc. Nous ne marchons pas comme des soldats au pas cadencé. Nous traînons la savate. Amis et ennemis vont chercher du foin à la même meule pour se protéger du froid et de la pluie… Lorsque les soldats commencent à voir ceux qu’ils ont l’ordre de tirer non plus comme des ombres lointaines mais comme des êtres humains, si proches qu’ils peuvent les entendre parler, chanter, rire, jurer ou hurler de douleur, un étrange sentiment gagne leur esprit…-  » Jean des Cars (Frères de tranchées)