»-. Quelle ville mal tenue ! -. Celle d’où il venait ne l’était guère mieux, mais il s’était fait des idées comme celle-ci, comme un jeune qui voyage pour la première fois et se figure naïvement qu’à vingt kilomètres de son trou il va rencontrer le Palais des Mille et une 🌃. En fait de palais, ils longeaient de grands murs interminables, verts de mousse, qui menaçaient par endroits de s’effondrer, et par dessus lesquels jaillissaient d’abondants feuillages. On lui expliqua que c’étaient les murs d’un couvent, que derrière ces murs priaient et jeunaient quelques centaines de religieuses, de celles évidemment à qui leurs vœux interdisaient de se pencher au chevet des blessés. – Mais il faut de tout pour faire un monde-. Il en convint. Il n’était pas particulièrement anticlérical. Il pensait bien que c’était toujours dommage qu’une belle fille entrât au couvent, plutôt que de faire le bonheur d’un homme, le sien. Et puis, on ne savait jamais, les prières avaient peut-être du bon. Mais il pensait aussi qu’elles ne faisaient pas que prier. -. Il doit s’en passer là-dedans des vertes et des pas mûres ! C’est grand, là-dedans ?-

Un vrai palais. Mais il y en a d’autres, nous avons ici plusieurs couvents. Le clergé est très riche ici. Pour te donner une idée de cette richesse, dis-toi ceci, mon cher Paul, c’est que, d’après mes calculs, les propriétés du clergé occupent, y compris l’évêché et son parc, qui est splendide, environ le quart de la superficie totale de la ville. Et je ne compte pas le séminaire, plus grand qu’une caserne, ni, bien entendu, nos treize églises-. Treize ?-. Il y a aussi quelques chapelles-. Mazette !- » Louis Guilloux (Le sang noir)
Belles couleurs sur ce tableau.
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