»-. Les bois étaient plongés dans les ténèbres et l’on ne distinguait plus l’entrée du chemin, gommée par le brouillard. Tita se mit à marcher. Le froid l’engourdissait, mais une fièvre de peur courait sous sa peau. Le silence même était menaçant. D’un pas titubant, elle atteignit la lisière à l’aveuglette, où son premier instinct fut de vérifier que le manoir était toujours derrière elle, et toujours visible la lumière du salon. La gorge sèche, elle hasarda son regard au milieu des 🌲 fondus par la brume, et l’épouvante commença. Les yeux des 🐺 luisaient, s’éteignaient, des ombres étaient tapies dans les ombres, les fougères à tête de 🐺 bougeaient, des cagoules et des ailes noires se frôlaient par intermittence, la frôlaient, elle était guettée par la 🌃. Les pattes velues, les ongles, les crocs des bêtes silencieuses allaient bientôt la déchirer.

Elle se retourna, la lumière avait disparu. La panique s’empara d’elle. Et Tita prit ses jambes à son cou sans rien voir, galopa jusqu’au manoir à perdre haleine, pour s’apercevoir à l’arrivée que le salon était toujours éclairé. Se cherchant un prétexte avant d’entrer, elle retroussa la manche de son chandail et se mordit si fort qu’elle faillit tourner de l’oeil, pas loin d’imaginer qu’un vrai 🐺 lui avait bel et bien planté ses crocs dans la chair. Elle se glissa dans la 🏡, vit le couvert déjà dressé pour le dîner, ne rencontra personne et monta directement chez Zénia. -. Tu pourrais frapper. Qu’est-ce que j’ai eu peur !-. Regarde, Zézé, il m’a mordue -. Qui t’a mordue ?-. Le 🐺… » Yann Queffelec (La femme sous horizon)
Quelle histoire ! Joli tableau.
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