»-. Il jaillissait d’un mur à l’autre, à travers les rues sans 🌙, se laissait emporter par son élan à travers les pièces éclairées et les pièces obscures. Dans les appartements à tapis de laine et rideaux de soie, il vit des spectres en déshabillés de satin quitter leur beauté devant la glace, se coucher avec des ventres en plus et des boues sur le visage. Dans les grandes casernes de briques où sont les pauvres, les mères de famille harassées comptaient les pommes de terre, et coupaient en feuilles transparentes le 🍞 du lendemain.

Chez les bourgeois et chez les misérables, il retrouvait la même fatigue. Hommes et femmes, du même geste las, éteignaient la dernière lampe et s’étalaient dans la 🌃. La résignation au gagne- 🍞, à la richesse, à la misère, aux jours perdus, au temps trop court, aux espoirs vagues, aux femmes, aux maris, aux patrons, aux plaisirs, à la peine, écrasait de son poids ces millions de corps allongés, qui ronflaient, grinçaient, gémissaient, se recroquevillaient, se détendaient, en poses grotesques, sans parvenir à trouver, pour une seconde, la ☮️. Il découvrait l’humanité. Il se passionnait à son voyage, se penchait sur les hommes, ses frères. Il trouvait parfois, dans la crasse d’un taudis, ou la luxueuse froideur d’un berceau de riche, le visage paisible d’un enfant. Il s’attardait sur ce miracle, se demandait comment une si belle promesse pouvait pareillement faiblir. » René Barjavel (Le voyageur imprudent)
Belles couleurs sur ce tableau.
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