»-. Lorsque le đ„ roula, il n’Ă©mettait pas le mĂȘme son que la veille. Un son mat et sourd, Ă©touffĂ© par on ne savait quel duvet. Avant mĂȘme de jeter un regard vers les sabords, le calfat grogna. -. Brouillard. Mais ça ne durera pas jusqu’Ă Saint-Malo. C’est pas la fĂȘte. Le brouillard, dans ce coin-lĂ , c’est ce qu’il y a de pire. Ă cause des montagnes de glace flottantes qui descendent du nord. Si tu n’as pas le temps de manoeuvrer, c’est foutu. Ăa t’Ă©crase un â” comme tu ferais d’une noix avec un maillet -. Voilure rĂ©duite, le navire avançait lentement, totalement aveugle. On ne distinguait les mĂąts que jusqu’Ă hauteur de la deuxiĂšme vergue. De l’avant, c’est Ă peine si on distinguait la masse sombre du chĂąteau arriĂšre.

Des hommes se tenaient penchĂ©s sur les bordages, immobiles. Ils scrutaient ce coton d’une blancheur opaque oĂč se dessinaient parfois des remous Ă peine plus clairs, par oĂč apparaissait la crĂȘte. Il faisait froid. De loin en loin, un homme lançait un long Hooo, hooo ! Le cri se perdait tout de suite dans le brouillard. -. Pourquoi ils gueulent ?-. Ă cause des glaces flottantes. S’il y en a une qui vient, elle te renvoie l’Ă©cho. Et puis, on ne doit pas ĂȘtre loin des bancs de Terre- Neuve. C’est un lieu de grande đŁ, il peut y avoir des â”-. Le brouillard dura quatre jours et quatre đ. Puis, un matin, un vent fort du nord se leva, qui balaya le ciel et souleva sur la mer des đ nerveuses. Mais ce n’Ă©tait pas encore la tempĂȘte… » Bernard Clavel (Compagnons du Nouveau Monde)
Un tableau original avec ses voiles musicales !
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