»… Quand s’abattit le flĂ©au des đ gĂ©antes, qui s’annonça par un ronronnement Ă travers champs, une ombre noirĂątre qui se coulait avec cĂ©lĂ©ritĂ© en dĂ©vorant tout sur son passage, maĂŻs, đœ, luzerne, đ». On avait beau les arroser d’essence et y mettre le đ„, elles refaisaient surface avec une vigueur nouvelle. On badigeonnait les troncs des đČ Ă la chaux vive, ce qui ne les empĂȘchaient pas d’y grimper, et de s’attaquer aux đ, aux pommes et aux đ. Elles s’introduisaient dans le potager et faisaient une bouchĂ©e des đ„, elles envahissaient la laiterie et on retrouvait au matin le lait tournĂ©, rempli de minuscules cadavres. Elles s’immisçaient dans le poulailler et bouffaient les đ toutes vives, laissant derriĂšre elles quelques reliefs de plumes et de petits ossements.

Elles faisaient irruption dans la đĄ, pĂ©nĂ©trant par les tuyauteries, s’annexaient le garde-manger, et il fallait consommer sur-le-champ les plats qu’on venait de prĂ©parer, car, Ă peine restaient-ils quelques minutes sur la table qu’elles rappliquaient en procession et engloutissaient tout. Pedro les combattit par l’eau et le đ„, il sema des Ă©ponges imbibĂ©es de đŻ afin qu’attirĂ©es en masse par le sucre il pĂ»t les massacrer sans coup fĂ©rir, mais tout s’avĂ©ra vain. Il s’en fut au village et revint chargĂ© de toutes les marques connues de pesticides liquides, en poudre ou en comprimĂ©s. Et il en dĂ©versa de droite et de gauche, tant et si bien qu’on ne pouvait plus manger les lĂ©gumes, qui donnaient des coliques Ă se tordre. Mais les đ continuaient d’affluer et de prospĂ©rer. » Isabel Allende (La đĄ des esprits)
Une horrible histoire ! Joli tableau.
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