»-. Ils avisèrent un vieux petit monsieur bien propret qui paraissait compter les artichauds en fleur et admirer qu’ils fussent cernés d’une nuée de pois de senteur roses. Ce qui avait attiré l’attention, c’était cette casquette que le vieillard tenait à la ✋, comme s’il avait pénétré dans une église. -. Tout ceci mérite qu’on le visite tête découverte-. Il expliqua qu’il habitait la région parisienne, où il avait un jardin ouvrier. -. Ça, Monsieur, on peut le dire, votre potager, c’est quelque chose ! C’est même au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. La seule chose que nous ayons en commun, vous et moi, Monsieur, c’est le goût des plantations bien ordonnées. Moi, voyez-vous, pour être toujours sûr que l’espace entre deux graines semées est parfait, je me sers d’une ficelle rouge où j’ai fait des noeuds de dix centimètres en dix centimètres –.

Il conclut en disant que le seul reproche qu’il ferait, s’il pouvait se le permettre, étaient que tous les légumes vus ici n’étaient pas comestibles. -. Ces choux-là, par exemple, vous ne les mangez pas ?-. Des yeux seulement -. Vous avez raison, Monsieur, après tout, lorsque je mets des rosiers à côté de mes poireaux, c’est tout pareil, n’est-ce pas … À vous, je peux vous le dire, c’est que mon gendre est garde républicain, à 🐎 comme vous savez. Vous ne voyez pas le rapport ? Mais le crottin, Monsieur, le crottin ! Rien de tel, pour avoir les plus beaux rosiers du monde. Voyez -vous, Monsieur, dans mon jeune temps, ma mère m’envoyait dans la rue le ramasser, après le passage de l’omnibus Madeleine-Bastille ou des beaux attelages…- » Janine Montupet (Les Jardins de Vandières)
Belle histoire et joli petit jardin, mignon ce style naïf !
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