Viens chez moi, j’habite chez la Rani

 »-. Sans descendre de 🐎, il frappa au lourd vantail de bois du portail. Un Judas s’ouvrit. Une figure apparut. Roger se nomma. Le Judas se referma, Roger attendit. Au bout de cinq minutes, ne voyant rien venir, il crut avoir été mal compris et s’apprêtait à frapper de nouveau lorsque les deux vantaux s’ouvrirent lentement. Roger pénétra dans une vaste cour, bordée de boxes à 🐘 désertés. Des parterres de fleurs, soigneusement entretenus et écrasés de ☀️, voulaient lui donner l’aspect d’un jardin. Au fond, la façade à deux étages, peinte en jaune, était celle du palais proprement dit. Des colonnes et des arcades en stuc tarabiscoté entouraient les fenêtres, chacune surmontée d’un paon à la queue déployée, en stuc lui-aussi. Un serviteur s’avança nonchalamment pour tenir les rênes de son 🐎, Roger mit pied à terre.

Des dizaines d’hommes, négligemment vêtus, probablement des serviteurs, assis sur les marches ou debout à l’ombre des boxes, semblaient se livrer aux délices de l’oisiveté. Roger s’étonna de leur nombre, car on lui avait dit que la Rani avait été ruinée par l’annexion. Il ignorait que la pauvreté chez les Maharadjahs restait relative. Et que dans leur entourage le qualificatif de serviteur ne s’appliquait pas uniquement aux êtres chargés d’un poste précis, mais également à leurs parents, frères, enfants, cousins, neveux, oncles aux fonctions très vaguement définies, qui s’incrustaient dans les murs. Il y avait aussi au Palais plusieurs centaines de parasites qui se contentaient d’être nourris et logés, et de recevoir occasionnellement une aumône. » Michel de Grèce ( La femme sacrée)