Quand la Russie me parle à l’âme…

 ». Au chalet Domovoï, Tita retrouvait l’appétit. Enfouie dans une causeuse aux passementeries pendantes, son 🐕 Tasska somnolant à ses pieds, l’après-midi filait sans qu’elle s’en aperçut. -. Dis, Lev, ça veut dire quoi, Domovoï ?-. L’oncle souriait vers la cheminée. -. C’est toi quand tu viens ici, c’est moi quand tu t’en vas. Domovoï est l’âme harmonieuse de la 🏡. Il ne ne demande pas à être vu, il est là, c’est tout. Mais Domovoï est aussi l’âme de celui qui est mort sans avoir eu le temps de laisser ici-bas tous ses péchés. Quand l’âme revient les chercher, les péchés ont été volés, car les vivants sont voleurs, même des péchés d’autrui-.

-. Et Baba Yaga, Lev, c’est qui ?-. Baba représente la Femme, en Russie. La bonne femme. Yaga, c’est la maladie, le cauchemar. Baba Yaga, c’est la sorcière aux ✋ tordues. Elle est vieille. Elle a les cheveux blancs, l’os de sa jambe gauche est à vif, elle vit dans la forêt. Sa chaumière est debout sur des pattes de 🐔, elle ne mange que des nouveau-nés. Elle se déplace la 🌃 quand la 🌒 est voilée, dans un mortier qui sert à la cuisson des enfants. Domovoï n’aime pas Baba Yaga –. Et Babouchka, c’est elle, Baba Yaga ?-. Elle est pire qu’une sorcière-. Et c’est Baba Yaga qui m’a fait ma cicatrice ?-. Nous avons tous des blessures, mais on ne les voit pas toujours. -. Ma mère, elle est enterrée où ?-. Dans ton ❤️, dans le mien, le reste ne compte pas-. Et il tisonnait les cendres sous les bûches avec un crochet de fer. Le soir ils repartaient ensemble et Lev la laissait arriver seule au manoir. -. C’est mieux comme ça… Ne leur dis jamais que tu viens chez moi-. » Yann Queffelec (La femme sous horizon)