»-. Voulez-vous que le violoniste nous fasse entendre quelque chose de votre goût ?-. Oui ! Oh oui ! Pour me faire plaisir, demandez-lui la valse de Fledermaus. Cette mélodie de l’opérette de Strauss me fera revivre ma jeunesse…- . Le tzigane s’exécuta. Clara, mangeant à peine, écoutait le rythme romanesque et désuet de la vieille valse viennoise. Je lui pris la ✋. Je murmurai -. Un après-midi de printemps, les marronniers montrent le ciel avec leurs thyrses qui sont leurs doigts roses. Dans un petit salon, je vous vois, chère Clara, avec vos deux nattes blondes enroulées autour des tempes. Vous êtes seule… Vous avez seize ans…

Vous vous êtes assise sur le tabouret et vous jouez sur le 🎹 cette même valse, si sentimentale et si tendrement puérile… Votre petite âme, peuplée de pensées inavouées, évoque un beau lieutenant de la Garde, entrevu dans un bal… Des baisers subreptices dans les allées du 🏰, des rêves merveilleux à l’ombre de l’église. La valse continue, grisante, lascive, elle berce le bal blanc de vos désirs fous… C’est votre premier voyage chez les adolescentes imaginatives… Chère Clara, Promenons-nous parfois dans le jardin du passé, à l’ombre des réminiscences en quinconce. C’est un parc miraculeux dont les feuilles ne jaunissent jamais -. Les tziganes se turent. Sa ✋ tremblait sous la mienne. -. Merci, vous m’avez fait plaisir…- » Maurice Debroka (La Madone des sleepings)
Belle histoire, joli portrait !
J’aimeAimé par 1 personne