Les quatre jolis pots de géraniums

 »-. Il y avait deux grandes pièces en enfilade, dont l’une donnait sur la rue. Dolorès voyait déjà l’installation de la boulangerie, le comptoir au fond, les étagères contre le mur à droite, la porte de communication entre les deux pièces toujours ouverte afin d’entendre le client entrer, alertée par la petite clochette fixée au chambranle de la porte-fenêtre donnant sur la rue. – Vous avez une grande cuisine à droite, qui possède une grande fenêtre sur la cour. Cette pièce est vaste, aussi. Et, vous voyez, de la cuisine on peut passer dans la buanderie -. Oui, dans l’ensemble, ce n’est pas trop mal. Dommage qu’il n’y ait pas une pièce de plus -. Ah, pour un couple sans enfants, on peut aménager coquettement l’arrière, tout en ayant une boutique confortable sur le devant. Non ?-. Sans enfants ?-. Ah oui, je préfère les ménages sans enfants. Les derniers locataires avaient trois petits diables, impossible de faire tranquillement la sieste-.

Des gosses, ce sont comme ces pots de géraniums, dans la cour, ça vous embellit la vie toute l’année. Les pots de 🌺 ne sont jamais gênants ! Je suis sûre que vous étiez un papa 🍰-. Eh oui, j’ai eu le choix du Roy, une fille puis un garçon. Ils m’ont fait quatre petits-enfants. Je les ❤️-. Vous voyez, quatre pots de géraniums. Au fait, vous ne m’avez pas dit le prix du loyer-. Vous m’êtes sympathique, la première année ce sera cent cinquante francs par moi, après, si votre commerce marche bien… Avec vous, ma petite dame, je suis sûr qu’on va bien s’entendre-. Il n’y a pas de raison, mon mari et mes quatre jolis pots de géraniums ne vous encombreront pas -. Sur le coup, il ne fit aucun rapprochement entre des enfants et des 🌺, la métaphore lui échappa totalement.-. Quand comptez-vous emménager, Madame ?-. Le plus rapidement possible. Si vous saviez à quel point j’ai hâte de venir m’installer ici, avec mes quatre jolis pots de géraniums !- » Jean Orvane (Le maître de pelle)