Quelques dons pour le dessin…

 ». Marie avait été malheureuse au couvent. Bercée par le doux balancement de cet élégant véhicule qui roulait sur une terre étrangère, elle revoyait encore aujourd’hui les visages froids, dédaigneux, de certaines de ses compagnes qui avait découvert qu’elle avait été admise, en dépit de son nom roturier, à la suite d’un legs. Au dire de ses maîtresses, elle avait l’esprit lent et ne paraissait avoir aucun don. Elle en avait un, pourtant. Le dessin. Mais il fallait payer un supplément pour les cours de dessin. Un jour, la soeur d’un riche propriétaire, qui épousa par la suite un duc, lui offrit d’un air condescendant des🖍️et des fusains, et quelques feuilles de papier à dessin. -. Mieux vaut que tu t’amuses avec, sinon je les jetterai dans la corbeille à papier -, avait-elle dit, avant de s’envoler vers sa leçon d’équitation.

Marie avait essayé tout de suite de crayonner la 👥 de la jeune fille courant, son amazone relevée sur le bras. Bien d’autres esquisses avaient suivi, les religieuses à la chapelle, s’agenouillant, se relevant ensemble, têtes inclinées comme les 🐎 qui portent des oeillères dans leurs stalles. La cime des 🌲 du jardin qu’elle apercevait depuis le dortoir. Les fenêtres à lancette que son père avait remarquées lors de son unique visite au couvent. Marie avait dessiné jusqu’à l’épuisement de ses 🖍️, on ne lui en donna jamais d’autres. Son éducation terminée, elle retrouva son père qui était déjà malade et elle n’eut plus le temps de penser au dessin. Marie s’accordait le plaisir d’y rêver maintenant, comme elle aurait aimé dessiner ces 🐎, leur 👗 luisante, leurs croupes qui se balançaient doucement au rythme de leur trot encouragé par la voix du cocher… » Paméla Hill (Le Pasteur)