»-. Mais, où allons-nous, en somme ?-. À la Tchéka -. Que me veut-on, à la Tchéka ?-. Il faut aller, camarade -. Pauvre innocent, comme si l’on pouvait savoir jamais ce que la Tchéka vous veut ! On me poussa dans une cellule, la porte fut soigneusement verrouillée de l’extérieur. Des pas s’éloignèrent, un rire gras s’éteignit dans l’escalier, ma captivité commençait. L’atmosphère était suffocante. Un homme dormait, recroquevillé… Un homme en jaquette usagée, sans col, ni souliers, de longs cheveux noirs sur un visage pâle et inoffensif d’intellectuel. -. Excusez-moi, camarade, j’ai eu peur… Quand on entre dans nos cellules, le spectre de l’angoisse se dresse devant nous… Mais je vois que la griffe de la Tchéka s’est refermée sur vous, aussi… Le destin vous aide!-

-. Ah, Monsieur, je vais revivre ici l’affreux cauchemar de la Loubianka. Pendant huit mois j’ai végété là-bas, dans un sous-sol, au milieu de détenus coupables du seul crime de ne pas admettre le régime des Soviets. Ah, Monsieur, Dieu veuille que vous ne connaissiez pas ici ces longues 🌃 d’insomnie, ces sommeils courts, agités, coupés de réveils brusques, ces journées de bête traquée où, le cerveau enfiévré, on brodé des festons d’espoir sur la trame du futur… L’amour du ☀️, le désir de vivre bouillonnent en vous et gonflent votre ❤️. Mais une lourde porte s’ouvre à côté. C’est la Mort qui vient cueillir sa proie. Comme une pieuvre dont la tentacule aveugle fouillerait au hasard, dans les recoins des cellules, happerait celui-ci, épargnerait celui-là, sans raison… Ah !- » Maurice Debroka (La Madone des sleepings)
Amusant ce poisson en cage !
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