»-. Un chant, très atténué par les murailles, une sorte de chœur en sourdine, parvint tout à coup jusqu’à nous. -. Qu’est-ce que c’est ?-. La Doubinouchka… Le Chant des bateliers de la Volga, vous connaissez sûrement -. Et qui chante ainsi ?-. Les gardes rouges, dans la cour, avec l’Internationale, c’est tout leur répertoire -. Les variations mélancoliques du chant des bateliers de la Volga me revenaient en mémoire. Je me souvenais d’avoir entendu cette mélodie populaire dans les cabarets russes de Londres ou de Paris, en croquant des amandes grillées, parmi les 🌺et les joyaux, entre des épaules nues et des sautoirs inestimables. Des snobs m’entouraient alors, aux patrons emperlés, aux cigares trop bagués. Des femmes courbant leur tête alanguie, plissant leurs paupières mauves sur la lassitude de leurs prunelles, s’amusaient à frissonner sous l’étrangeté du leitmotiv. Des enfants gâtés, en somme, qui faisaient joujou avec la révolution russe.
Mais, cette 🌃, le dilettantisme n’était plus de rigueur. Il ne s’agissait plus de flirter avec l’âme slave, ni de savourer, 🥂 en ✋, les nuances évocatrices d’un folklore hallucinant. Ce n’étaient point des émigrés consolés qui fredonnaient la Doubinouchka, devant une pianiste songeuse ou un joueur de balalaïka au front de satrape émasculé. C’étaient de vrais gardes rouges, agressifs, centurions hostiles aux détenus qu’ils surveillaient. Le chant mourut dans la 🌃. Les pas s’arrêtèrent au milieu du couloir. Le geôlier grommela, ses clés cliquetèrent, la porte d’une cellule grinça. -. Ils entrent à côté…- » Maurice Debroka (La Madone des sleepings)
L'atelier peinture de Christine 
Belles couleurs sur ce tableau !
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