»-. Personne ne flĂąne dans les rues, nul ne s’attarde Ă regarder quoique ce soit, il n’y a pas de badauds. Chacun claque sa porte au plus vite, et tire les rideaux, une â dĂ©jĂ tendue vers le bouton de la tĂ©lĂ©vision. Regarde par la fenĂȘtre, tu verras la voie pĂ©riphĂ©rique. Un abĂźme noir zĂ©brĂ© par les hannetons jaunes des phares anonymes, immanquablement accouplĂ©s Ă une paire de feux rouges… Voici quelque chose de plus gros, qui passe et tressaute de tous ses clignotements sur un dos-d’Ăąne… VoilĂ un bĂątonnet lumineux qui se rapproche. Un kyste frĂ©tillant de lumiĂšre jaune, avec les spores vivantes des gens Ă l’intĂ©rieur. C’est un autobus avec ses illuminations frontales.

Et, de l’autre cĂŽtĂ© de la voie pĂ©riphĂ©rique, de cette ultime et dĂ©bile bande de vie, de l’autre cĂŽtĂ© du fossĂ© enneigĂ©, le ciel invisible s’est affaissĂ© et s’appuie lourdement par la tranche, tout au bord du talus, lĂ oĂč commencent aussitĂŽt les champs de betteraves. Il n’est vraiment pas possible, pas raisonnable de croire que la đ s’Ă©tende plus loin encore, au-dessus de plaines fondues en une mĂȘlĂ©e blanche et sifflante de haies hirsutes, de villages Ă©crasĂ©s, blottis contre la terre froide, oĂč tremblote sans espoir une petite flamme triste, Ă©touffĂ©e par une poigne indiffĂ©rente… Et plus loin… Toujours le froid, tĂ©nĂ©breux et blanc. Et la crĂȘte d’une colline boisĂ©e oĂč l’ombre est encore plus Ă©paisse… OĂč un malheureux đș est peut-ĂȘtre obligĂ© de vivre. » Tatiana TolstoĂŻ (đ„ et poussiĂšre)
Beau texte, un loup avec de grandes dents !
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Bonjour, un trĂšs beau texte avec pour illustration ce loup qui malgrĂ© ses grandes dents n’arrive pas Ă me faire peur, peut-ĂȘtre Ă cause de son environnement colorĂ©? Bisous bon aprĂšs-midi MTH
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