»-. Baignée de la tête aux pieds par le ☀️ rose de Moscou, Alexandra Ernestova m’est apparue pour la première fois un matin de bonne heure. Des bas en accordéon, des jambes arquées, un tailleur noir élimé et crasseux… Mais quel couvre-chef ! Les quatre saisons s’étaient donné rendez-vous, boules-de-neige, muguet, 🍒, épinevinette agrémentaient un chapeau de paille, fixé à ce qui restait des cheveux par une épingle énorme ! Les 🍒 en bois pendouillaient et s’entrechoquent avec un bruit de castagnettes. – Elle a quatre-vingt-dix ans-, me suis-je dit. Je me suis trompée de six ans.

L’air ensoleillé dévale, rayon après rayon, le toit en pente d’une vieille 🏡 froide. Il rebondit, remonte, s’enfuit tout là-haut, là où les regards s’aventurent rarement, où un balcon de fonte est allé se percher à des hauteurs inhabitées, là où la toiture est abrupte, où ondule un grillage aux fonctions indéfinies. Avec un sourire béat, les yeux embués de bonheur, Alexandra Ernestova chemine du côté ensoleillé de la rue, et déplace ses jambes pré-révolutionnaires, comme si elle traçait des arcs-de-cercle avec un compas. Une bouteille de crème, un petit 🍞 et quelques 🥕 alourdissent son filet qui descend se frotter contre l’ourlet empesé de sa jupe noire. Le vent du sud est venu sur la pointe des pieds. Il répand un parfum de roseraie et de bord de mer. Alexandra Ernestova sourit à la matinée qui s’annonce, et me sourit… Les habits noirs et la tâche claire du chapeau de paille avec ses fruits qui battent la breloque disparaissent au coin. » Tatiana Tolstoï (🔥 et poussière)
Un personnage pittoresque ! Joli portrait.
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