Le diseur de bonne aventure

 »-. N’ayez pas peur de vous approcher, je vous attendais -. Zoltan, la soixantaine, avait la face burinée du vieux pirate, un foulard sur l’œil droit, des cheveux bruns striés d’argent. Il portait une chevalière en or à chaque ✋. Devant lui, des tarots alignés dessinaient un labyrinthe. -. Quand vous êtes entrée, je tirais cette lame, la Maison-dieu. Voici le Bateleur, c’était couru. Tout est magique, ici-bas, même la mémoire-. Il tira deux autres tarots.-. N’avais -je pas raison ? 😈 Et Tempérance. Une aile d’ange, une autre de chauve-souris, l’envol ne tient pas en l’air, il faut savoir choisir le ciel ou l’enfer. Donnez-moi votre ✋. Elle est très moite…. Vous êtes extraordinairement émue. Les croyants sont toujours cloués au pilori. L’invisible est un supplice qui ne fait pas de mal aux idiots-.

Il pressait sa ✋ fortement, comme on détend les phalanges d’une 🐔 en les passant à la 🔥.-. Votre corps a le bon goût des filles, il est si rare, les hommes ne vous quitteront jamais. Vous croyez à l’invisible et vous êtes dans la 🌃 qui retient tous les ☀️. Tirez une carte-. À nouveau ce fut le Magicien, le créateur à son établi. Zoltan se concentra sur l’arcane et, regardant Tita, le sourire aux lèvres, il se mit à la tutoyer. -. Que crois-tu bâtir ? Que peut bâtir une aussi jeune fille avec un tel visage et des yeux si craintifs ? La chance n’est jamais prodiguée sans risques, et toi tu vas errant dans les bois, tu prends ta liberté dans les forêts, tu marches devant les eaux poussée par le vent. Mais tu fuis vers la flèche, et l🐦 peut mourir un soir de tourmente, en croyant plonger sur sa faim-. Yann Queffelec (La femme sous horizon)