»-. Le petit garçon regardait attentivement les lieux, qu’il connaissait si bien, mais la calèche les traversait rapidement et les laissait derrière lui. Derrière la prison, il vit passer comme un éclair les forges noires et enfumées et, aussitôt après, le cimetière accueillant et vert, entouré d’une murette en grosses pierres. Derrière ce mur, émergeaient gaîment les blanches croix et les stèles funéraires qui se cachent dans le vert des cerisiers et ressemblent de loin à des taches blanches. Il se souvint que, au moment où fleurissent les cerisiers, ces taches blanches se confondent avec les 🌺 en une marée blanche. Et, quand les 🍒 sont mûres, les stèles et les croix se couvrent de petits points, rouges comme du sang.


On quitte la ville, et c’est bientôt la plaine, le ciel, le lointain mauve… La plaine avec son horizon brumeux et le ciel renversé au-dessus d’elle, qui, dans la steppe, où il n’y a ni forêts ni 🗻, semble si terriblement profond et transparent. Puis vient le soir, l’enfant dort à moitié, son cerveau ensommeillé refuse toute pensée banale, il est tout embrumé et ne retient que les images féeriques, fantastiques. Car tout ce qui l’entoure ne prédispose pas aux pensées ordinaires, habituelles. À droite s’élèvent de sombres collines qui semblent cacher derrière elles quelque chose d’inconnu et de terrible.


L’horizon est aussi net qu’en plein jour, mais sa tendre couleur violette a déjà disparu, estompée par le crépuscule, et toute la steppe se cache dans la brume… Et quand se lève la 🌙, la 🌃 devient pâle et sombre. La brume a disparu. L’air est transparent, frais et tiède à la fois, on voit très clair, on peut même distinguer les tiges des mauvaises herbes sur le bord de la route. Sur tout un vaste espace, on voit les pierres et les ossements… Et quand on jette un coup d’œil au ciel vert pâle, tout jonché d’ 🌟, où il n’y a ni le plus petit ☁️ et la moindre tache, on comprend pourquoi l’air tiède est si immobile. Pourquoi la nature est sur le qui-vive et a peur de bouger. De l’incommensurable profondeur et de l’infini du ciel, on ne peut juger que sur mer ou dans la steppe, par une 🌃 de 🌙. Il est terriblement tendre et beau. » Anton Tchekhov ( La Steppe)

Un beau voyage avec de beaux tableaux pour l’illustrer !
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