»-. Elles m’ont toutes lâché, trahi, piétiné, Manuela ne pensait qu’à ses toilettes, à ses bijoux, ses épilations, ses bigoudis, elle n’avait que mépris pour ce pauvre comédien qui tirait sa dignité d’entrer dans toutes les peaux, dans toutes les voix, dans tous les rires et las de retrouver les passagers des avions fracassés, les engloutis du Titanic, les poilus des tranchées, les derniers jours de Pompéi, la queue leu leu des rois mages et des sacrifiés.

Ma passion du théâtre effrayait Armelle, ma tendre fée, elle cherchait à comprendre, à démasquer, à couper tous les cheveux en quatre et même ceux des perruques après le spectacle. Elle m’interdisait d’être fou, j’aime agiter des clochettes et gesticuler sur la voie publique au milieu des gens normaux. Mon savoir est dans la folie, ma gloire est dans la folie, ma liberté, mon agonie. Marianne, oh comme je t’en veux, c’est toi qui m’as perdu, tu t’es laissée manoeuvrer. Pense à moi, ma petite Mimi, ne m’oublie pas, d’où je serais j’enverrai les plus beaux rêves enchanter ton sommeil-. Il retira ses chaussures et les rangea côte à côte, la pointe orientée vers le fleuve. – C’est Noël, mes petits agneaux, le marchand de sable a mis son veston rouge et ses bottes de sept lieues, je dois maintenant partir à sa rencontre, il a des jouets pour nous tous. Attendez-moi là, je ne serai pas long…- » Yann Queffelec (Le Maître des Chimères)
Belle histoire, joli poisson !
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