»-. C’était une logeuse sévère. Dès qu’un nouveau pensionnaire se présentait chez elle, d’abord elle examinait sa tournure et tâchait de se faire une idée sur le milieu d’où il venait, sur ses opinions religieuses et politiques. Ets, si cet examen était satisfaisant, elle expliquait d’abord au postulant le détail du règlement auquel chacun devait se soumettre chez elle. Primo, elle n’acceptait comme pensionnaires que des hommes. Secundo, aucune femme, excepté la bonne, ne devait franchir le seuil de leur porte. Tertio, il fallait être rentré à neuf heures en hiver, à dix en été. Ne pas faire de bruit, être propre au petit endroit. Tous ces articles se trouvaient consignés par elle-même, sur de larges feuilles de papier bleu ciel fixées dans les chambres au-dessus des lits.

Or, la sévérité de Madame de Vileplate dans le choix de ses pensionnaires tenait aussi à ce qu’elle avait toujours rêvé de loger des gens tellement distingués qu’elle pourrait les réunir au moins une fois par semaine dans son salon, et leur offrir le thé. La pension de famille serait devenue une sorte de 🏡 de campagne, où elle aurait reçu des amis, comme autrefois au temps de sa splendeur. Ainsi aurait-elle oublié sa déchéance et sa pauvreté. Madame de Vileplate avait fini par se faire une telle réputation en ville que sa pension était aujourd’hui presque déserte. Le seul pensionnaire qui consentit à y rester , c’était Otto Kaminski. Mais ne disait-on pas qu’elle en était amoureuse ? » Louis Guilloux ( Le sang noir)
Belle histoire, joli tableau !
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